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sur des écueils, et nous ne nous lassons pas des grandes scènes qu’il nous donne chaque jour. Tout le monde sait que la mer a une majesté infinie ; mais ce n’est qu’en la voyant qu’on apprend combien elle a de grâce. Nous revenons, ma femme et moi, tout enchantés d’un coucher de soleil. L’astre allait disparaître derrière les montagnes d’Espagne que nous découvrons d’ici, et dont les lignes hardies se découpaient sur un ciel parfaitement beau. Ces montagnes baignaient leurs pieds dans une brume lumineuse et dorée qui planait au-dessus de la mer. Les lames se succédaient vertes, azurées, quelquefois avec une teinte de rose et de lilas, et venaient mourir sur une plage de sable, ou bien se briser contre les rochers qui encaissent la plage, et qu’elles blanchissaient de leur écume. Le flot, venu de loin, montait contre l’écueil et jaillissait en gerbe avec toute l’élégance de ces eaux que l’art fait jouer dans les jardins des rois. Mais ici, dans le domaine de Dieu, les jeux sont éternels. Chaque jour ils recommencent et varient chaque jour selon la violence des vents et la hauteur des marées. Au delà de cette variété inépuisable et de ces merveilles diverses qui animent le rivage, il y a l’immensité qui ne change point, il y a la pleine mer s’étendant à perte de vue comme une image de l’infini, il y a le bruit des flots qui ne se taisent jamais et qui rendent témoignage à leur Créateur…