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avec madame Ozanam un fort joli tour dans les Pyrénées. Nous avons visité avec beaucoup de charme ces montagnes qui n’ont point la grandeur des Alpes, mais qui ne manquent pas d’une cértaine majesté tempérée de grâce. Il n’y faut pas chercher beaucoup de glaciers ; et les neiges éternelles n’y couvrent qu’un petit nombre de cimes ; mais on ne se lasse pas d’admirer la beauté de la lumière qui dore les rochers, la courbe élégante des croupes, surtout les eaux qui jaillissent de toutes parts bruyantes et limpides. Les Alpes mêmes n’ont peut-être rien de comparable au cirque de Gavarnie. Figurez-vous, non pas un cirque, mais plutôt, une abside de cathédrale, haute de dix-huit cents pieds, couronnée de neiges, sillonnée de cascades, dont la blanche écume se détache sur des rochers de la plus chaude couleur. Les murs en sont comme taillés à pic. Quand les nuages flottent au-dessus ils semblent comme les draperies du sanctuaire, et si le soleil y brille, le flambeau ne paraît pas trop éclatant pour éclairer cet édifice qu’on dirait commencé par les anges, et interrompu par quelque faute des hommes.

Cependant les populations ne sont pas mauvaises. Il y a bien un méchant proverbe qui dit les Béarnais fiers, faux et courtois , et j’ai trouvé plus de le vérifier chez MM. les hôteliers et les loueurs de voitures, Mais il faut imputer la moitié de ces torts aux étrangers qui gâtent le pays. Il y