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est hérissée de questions difficiles ; mais les unes sont résolues depuis longtemps ; d’autres, jusqu’ici considérées comme insolubles, ont trouvé leur réponse de nos jours ; il en reste beaucoup, mais Dieu les permet pour tenir l’esprit humain en haleine et pour exercer l’activité des siècles futurs. Non, Dieu ne peut pas exiger que la vérité religieuse, c’est-à-dire la nourriture nécessaire de toutes les âmes, soit le fruit de longues recherches, impossibles au grand nombre des ignorants, difficiles aux savants. La vérité doit être à la portée des petits, et la religion reposer sur des preuves accessibles au dernier des hommes. Pour moi, après bien des doutes, après avoir aussi mouillé bien des fois mon chevet de larmes de désespoir, j’ai assis ma foi sur un raisonnement qui peut se proposer au maçon et au charbonnier. Je me dis que tous les peuples ayant une religion, bonne ou mauvaise, la religion est donc un besoin universel, perpétuel, par conséquent légitime de l’humanité. Dieu, qui a donné ce besoin, s’est donc engagé le satisfaire ; il y a donc une religion véritable. Or, entre les religions qui partagent le monde, sans qu’il faille ni longue étude ni discussion des faits, qui peut douter que le christianisme soit souverainement préférable, et, que seul il conduise, l’homme a sa destination morale ? Mais dans le christianisme, il y a trois Églises : la protestante, la grecque et l’Église catholique, c’est-à-dire l’anarchie, le despotisme