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serez là-bas, sur ce rivage paisible, pour recevoir vos amis fugitifs vous protégerez madame Ozanam et vous lui ferez avoir une échoppe de bouquetière dans.Broad Street. Quant à moi, je parle trop mal l’anglais pour exercer mes petits talents de professeur et d’avocat, et je ne me vois guère d’autre carrière que de battre la grosse caisse derrière la voiture de mon frère quand il ira arracher les dents. Voilà pourtant la fin de cette famille Ozanam qui avait promis de grandes choses !

Adieu, mon très-cher ami, que le vent souffle favorablement dans vos voiles ; poussez, s’il vous plaît, jusqu’au fond de la Californie, vous serez bien habile si vous trouvez un endroit où nos pensées ne vous suivent pas. Il n’est pas jusqu’à petite Marie qui ne soit au courant de vos pérégrinations. Vous l’aidez à retenir sa géographie ; et pour elle l’Amérique, c’est le pays du voyage M. Ampère. Des autres propos qui se tiennent sur votre compte hors de chez moi, je ne veux rien vous en dire : tout vous sera pardonné dès qu’on vous aura revu. Adieu donc une fois encore, je vois bien qu’il m’en coûte de vous quitter mais je sais qu’à vrai dire je ne vous quitte pas, et que vous avez quelque part dans le cœur une place réservée à votre ami.