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qui fait des Ozanam une véritable famille de juifs errants.

Et nous aussi nous aurions beaucoup à te raconter. Je ne sais si Alphonse t’a laissé une lettre dans laquelle je lui exprimais mon sentiment de Londres et de l’exposition. Pour ne pas trop me répéter, je dirai seulement que Londres est la ville la plus imposante du monde au premier aspect, lorsqu’à travers la brume qui l’enveloppe et l’agrandit encore, on la voit s’arrondir en demi-cercle au bord de la Tamise avec cette multitude de clochers, de colonnes, de portiques, au-dessus desquels plane le dôme de Saint-Paul. Mais de près, et si on les étudie l’un après l’autre, ces monuments noircis et disproportionnés ne témoignent plus que l’impuissance ; l’impuissance de la richesse à se procurer ce que l’or ne paye pas, à transplanter sur une terre ingrate le goût et l’inspiration de la France et de l’Italie. Au milieu de ces imitations malheureuses, il faut faire deux grandes exceptions pour la vieille Abbaye de Westminster, et pour le nouveau palais du Parlement. Ici l’architecte a eu la sagesse de retourner au style national, au gothique fleuri du quatorzième siècle, et il en a tiré d’admirables effets. Pour l’exhibition, mes dernières visites n’ont rien ajouté à la première impression que j’en ai ressentie. Rien n’est plus beau que l’ordre avec lequel on-a a rassemblé dans un seul édifice la variété infinie des richesses humaines. Les savants sont