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étaient les sépultures d’Henri III, d’Edouard III, de Richard II. Et derrière, Henri VII avait bâti une chapelle merveilleuse qui est la perle de l’Angleterre. Or, le protestantisme ayant chassé Dieu de cette église et ne pouvant plus la remplir d’un peuple vivant, a imaginé de l’encombrer de ses morts. Ne vous figurez pas comme à Saint-Pierre de Rome, comme à Sainte-Croix de Florence, un certain nombre de sépultures illstres décorant les murailles, et mêlant à la sainteté du lieu la grandeur des souvenirs. Il y a bien, comme on dit, le coin des hommes d’État, et le coin des poëtes ; mais le doyen et le chapitre de Westminster, en vertu d’un pouvoir arbitraire, ont concédé ou vendu à ceux qui n’étaient que riches, le droit de figurer parmi les grands. De là, cette prodigieuse quantité de mausolées sans intérêt historique, sans mérite monumental : car, si vous exceptez quelques statues de Flaxman et de Chantrey, tout le reste est misérable. Cependant ils ne se sont pas contentés de garnir les murs, ils ont fermé des arcades entières pour y entasser les monuments de leur vanité et de leur mauvais goût. Les morts de la Réforme trônent sur des montagnes de marbre entourés de génies et de personnages allégoriques, avec tout le paganisme de la Renaissance, moins l’élégance de la beauté. Mais les morts du moyen âge ne devaient pas dormir tranquilles : la chasse de saint Édouard, qu’avaient respectée les Normands, ne pouvait pas échap-