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fait, éclater le bill des titres ecclésiastiques. Je ne veux pas parler des questions contemporaines. Je recueille seulement l’impression que m’a laissée le sanctuaire national de Westminster, tel que le protestantisme l’a transformé.

M. de Maistre espérait que le dix-neuvième siècle verrait célébrer la messe à Saint-Paul de Londres’: je l’espère aussi, mais le catholicisme lui-même aurait bien de la peine à réchauffer ce glacial édifice. La véritable basilique de Londres, le Saint Denis de la monarchie anglaise est Westminster. La, s’élève une nef rivale de nos belles nefs d’Amiens et de Saint-Ouen. Portée sur des piliers hardis et légers, la travée qui la coupe est d’une proportion admirable, terminée par des rosaces flamboyantes. Les architectes chrétiens qui construisirent cette église la firent longue et large pour contenir les flots d’un peuple fidèle, haute et aérienne pour porter l’hommage de la terre plus près de Dieu. Seulement, derrière le chœur et le grand autel, une cloison renfermait un étroit espace où reposait la châsse de saint Edouard. Un tombeau de pierre orné de mosaïques avait reçu les dépouilles du saint roi, du roi populaire qui représentait les souvenirs historiques de la nationalité anglosaxonne. Les princes normands n’avaient jamais songé à troubler la paix de ce sanctuaire ; toute leur ambition était d’y dormir auprès de saint Edouard. Et, en effet, tout autour de la chasse