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cruellement éprouvée. Souffrez donc mes inquiétudes. Vous cherchez à vous créer, disiez-vous, de nouveaux intérêts, et avec ce rare esprit que Dieu vous a donné, vous remuez toutes les études et maintenant vous faites la moitié du tour du monde pour trouver des nouveautés qui vous attachent. Et cependant il y a un intérêt souverain, un bien capable d’attacher et de satisfaire votre excellent cœur ; et je crains, cher ami, je crains peut-être à tort, que vous n’y songiez pas assez. Vous êtes chrétien par les entrailles, par le sang de votre incomparable père, vous remplissez tous les devoirs du christianisme envers les hommes mais ne faut-il pas les remplir envers Dieu ? ne faut-il pas le servir ? vivre dans un étroit commerce avec lui ? Ne trouveriez-vous pas dans ce service des consolations infinies ? n’y trouveriez-vous pas la sécurité de l’éternité ?

Vous m’avez plus d’une fois laissé pressentir que ces pensées n’étaient pas éloignées de votre cœur. L’étude vous a fait connaître tant de grands chrétiens vous avez vu autour de vous tant d’hommes éminents finir chrétiennement leur vie. Ces exemples vous sollicitent, mais les difficultés de la foi vous arrêtent. Cependant cher et excellent ami, je n’ai jamais causé de ces difficultés avec vous, parce que vous avez infiniment plus de savoir et d’esprit que moi. Mais laissez-moi vous le dire. Il n’y a que la philosophie et la religion.