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Récamier, M. Ballanche et M. de Chateaubriand. Il leur lut aussi beaucoup de vers et un récit suédois, où il avait caché, sous le voile du roman, les principales phases de sa vie.

Bien des questions furent soulevées dans ces mois d’une douce intimité où on laisse sans défiance un ami pénétrer dans tes dernières profondeurs de son âme ; il en était une devant laquelle Ozanam ne restait jamais indifférent, et, par des raisons différentes, il en était de même pour J.-J. Ampère. Dès sa jeunesse, son âme avait été atteinte par le doute, mais elle était droite et élevée et ne s’arrangeait pas de l’incrédulité. Son illustre père était un grand chrétien il tenait, par lui et par sa mère, à ces anciennes familles lyonnaises où les grandes traditions et la charité catholiques sont conservées bien plus que d’autres ne conservent les titres de noblesse. Aussi, malgré l’activité prodigieuse et la fantaisie de son imagination, malgré les empressements du monde et tes curiosités toujours nouvelles de son rare esprit, cette foi, qu’il ne possédait pas, lui manquait, et sa poursuite ne lui laissa jamais de repos. Pressé par les aspirations de son grand cœur ; par de profondes douleurs et par les sollicitations de tendres amis, dont nous ne voulons donner d’autres témoignages que la lettre suivante d’Ozanam, il cherchait avec sincérité ; il progressa lentement, mais chaque jour, vers la vérité, et quinze ans plus tard, en 1865, il écrivait à une personne amie « je persévérerai à chercher «  de bonne foi la vérité ; personne ne la désire plus sincerement que moi, et, chaque soir, j’adresse à Dieu cette « prière : Éclairez-moi. Il y touchait enfin quand la mort le mit subitement face à face avec la souveraine vérité et la miséricorde divine.

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