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port chez des gens qui veulent la royauté absolue. Et cependant hors des châteaux, je vois peu de signes faits pour confirmer ces espérances. Les paysans se battraient, encore pour les autels ils ne donneraient pas une goutte de sang aux partis qui disputent le pouvoir. Au fond ils inclinent à la royauté, mais avec une grande indifférence, et une parfaite disposition à laisser faire tout gouvernement qui ne fermera pas leurs églises. J’ai vu dans le Morbihan, dans la terre classique de la chouannerie, le drapeau de la république marcher devant la statue de la sainte Vierge, et à des noces les villageois se parer de rubans tricolores pendant que les messieurs en portaient de verts et blancs. J’ai vu danser de grandes rondes au’ bruit d’une chanson dont le refrain était Vive Napoléon et j’ai entendu de grandes dames se plaindre de la mollesse de ces manants, qui en effet ont le mauvais esprit de ne pas s’aller faire tuer pour leur rendre des tabourets à la cour. M. de Carné, que j’ai trouvé à Quimper, m’assure que le clergé de ce pays-là penche vers la démocratie. Cependant il faut avouer que l’Univers y exerce une grande autorité, et qu’en général on y a mal reçu le mandement de Monseigneur. À ce propos je vous remercie de votre bon avertissement. La vérité est. que l’Univers m’avait trop maltraité pour que j’eusse le droit d’applaudir à sa condamnation, et votre délicatesse comprendra le sentiment qui