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À vrai dire, si l’on ne cherche que les grands spectacles de la nature et de l’art, après le Vésuve et le Vatican, on fait bien de poser son bâton de voyageur, et de vivre sur ses souvenirs.

Ce n’est pas que je dédaigne la belle Bretagne qui est aussi de vos amies, des premières, et par conséquent des meilleures. J’ai vu le sévère rivage de Saint-Gildas, la baie enchantée de Douarnenez, et je suis allé m’asseoir courageusement au dernier rocher de la pointe du Raz, d’où je contemplais avec une émotion infinie cet Océan qui fut pendant tant de siècles la limite du monde. J’ai aimé les fraîches vallées du Finistère, et sur la rivière de Quimper nous avons visité des jardins qui défient ceux de Trianon. Mais à vrai dire, ce qui m’attache a ce pays-ci, c’est bien moins la nature que les peuples. Ce sont leurs monuments primitifs, les men-hir de Locmariaker et de Carnac, les cromlech de. Crozon, et toutes les traditions perdues qu’ils représentent. C’est la légende de leurs premiers apôtres, et toutes les tracés encore vives des combats héroïques livrés par le christianisme aux anciens dieux. C’est le moyen âge et la renaissance si intéressants dans le pays de du Guesclin et d’Anne de Bretagne. Ce sont enfin les mœurs de ces braves gens si peu entamés par la trivialité et la corruption de nos mœurs. Voilà, à mon sens, la nouveauté qu’il faut-venir chercher ici. L’Italie a des deux plus beaux ses populations n’ont pas