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ANNÉE 1842

mière «  année de son cours, modérez cette verve’qui vous emporte ; soyez toujours un orateur, mais un orateur plus calme ; cette parole vive, émue, passionnée, qui éclate et retentit après de longues méditations cet enthousiasme, dont vous n’êtes point le maître et qui vous domine, inquiètent pour vous vos amis ; songez à l’avenir ; nous voûlons que vous ne retranchiez rien de cet avenir qui vous est dû; nous le voulons pour vous et pour nous.» Mais son cours n’était pas sa seule fatigue et ne bornait pas son zèle. De tous côtés, on venait lui demander de prendre la parole dans des assemblées de charité on des réunions d’ouvriers jamais il ne refusait. Il présida, plusieurs années, une conférence littéraire ; sous sa direction, on y travaillait- beaucoup, et bien des hommes de talent s’y formèrent.

Voici le langage qu’il tenait un soir dans une nombreuse assemblée de jeunes gens qu’il présidait au Cercle catholique « Messieurs,

« Tous les jours, nos amis, nos frères se font tuer comme soldats ou, comme missionnaires sur la terre d’Afrique ou devant les palais des mandarins. Que faisons-nous, nous autres, pendant ce temps-là ? Croyez-vous donc que Dieu ait donné aux uns de mourir au service de la civilisation et de l'Eglise, aux autres la tache de vivre les mains dans tours poches, ou de se coucher sur des roses ? Ah ! messieurs, travailleurs de la science, gens de lettres chrétiens, montrons que nous ne sommes pas assez taches pour croire a un. partage qui serait une accusation contre Dieu qui l’aurait fait, et une ignominie pour nous qui t’accepterions. Préparons-nous à prouver que, nous aussi, nous avons nos champs de batailles où parfois l'on sait mourir