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tombeau de saint Vincent Ferrier. Leur dévotion est d’en faire le tour en priant la tête appuyée contre le marbre. Mais c’est une dévotion intelligente, et la vivacité de leur foi paraît bien au recueillement de leur prière.

Enfin la procession s’est faite, à peu près comme toutes celles que nous connaissons, excepté le grand nombre et la piété des assistants. Ce spectacle nous a édifiés, et j’étais ému de voir ces robustes paysans aux mâles figures, soldats et marins si intrépides quand la France a besoin d’eux, porter sur leurs épaules la statue de la sainte Vierge. Puis ce qui touche, c’est l’unanimité d’une population toute croyante, la bourgeoisie en habits de gardes nationaux faisant la haie, les autorités venant à la suite de l’évêque, et toute une ville enfin, si unie dans une même fidélité religieuse, qu’un ouvrier de Paris, transporté là, assurait à M. de Francheville qu’il était bien forcé de faire maigre les vendredis et samedis, sans quoi il ne trouverait pas de propriétaire qui voulût le loger.

Tout ceci rappelle l’Italie, mais avec moins de grâces et plus de vertus. Assurément il y a loin de cette foule silencieuse au joyeux concours des paysans du Latium, a ces processions que j’ai vues si poétiques à Castelgandolfo, à Marino, où les fêtes de Dieu et des Saints semblent instituées aussi pour le plaisir des hommes. Les femmes d’Albano avec leurs costumes éclatants ne ressemblent guère a