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ANNÉE 1842

longue comme cette de Saint-Jean ; il y avait de nobles et riches personnages, couverts de décorations, et à côté d’eux des pauvres en veste à demi déchirée des militaires, des élèves de l’École normale et de l’École polytechnique, des enfants, mais surtout des étudiants en grand-nombre. Après la communion, qui, donnée par deux prêtres, a duré une heure, un Te Deum magnifique a rempli les voûtes, et nous nous sommes séparés .profondément émus.[1]

De pareilles solennités sont une bien éloquente réponse à l’une des difficultés qui souvent effrayent les esprits de ton âge. En sortant de l’asile religieux où se passèrent les premières années et en se trouvant tout à coup au milieu du monde, on est consterné d’abord d’y trouver si peu de foi. On s’alarme de ce délaissement universel, et il ne manque pas de gens qui vous l’exagèrent encore, les uns par humeur chagrine, les autres par faiblesse, et quelques-uns dans l’espoir ’d’entraîner par l’exemple. Mais il n’y a que les enfants qui

  1. Ce fut en cette année 1842 qu’eut lieu pour la première fois la communion générale a Notre-Dame. Des 1837, époque où le P. de Ravignan commença ses conférences, il regardait la retraite comme devant en être le couronnement nécessaire. La prudence le fit attendre jusqu’en 1841, et cette année là même, afin de ne point rendre l’oeuvre ancienne responsable du succès incertain de œuvre nouvelle, on les sépara entièrement. La retraite commença à l'Abbaye-aux-Bois; mais l’auditoire, qui était’ immense, la fit transporter a Saint-Eustache. On n’osa pas encore la terminer par la communion générale. Ce ne fut que l'année suivante que se réalisa la grande pensée du P. de Ravignan.