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le Christ lui-même était venu la consacrer ; accompagné de la Vierge, des anges et des saints. A dater d’alors, le sanctuaire d’Einsiedeln n’a pas cessé de recevoir des milliers de pèlerins et de les renvoyer pleins de foi ; de répandre dans toute la Suisse et l’Allemagne méridionale des rayons de lumière et d’amour.

Encore aujourd’hui l’église moderne enveloppe la chapelle reconstruite, après un incendie, sur la placée ! les proportions de l’ancienne. L’image de la Vierge qu’on y honore est la même que saint Meinrad avait emportée au désert. Quinze mille pèlerins y viennent chaque année. J’ai vu ces bonnes gens, agenouillés par groupes, dire à haute voix leurs prières devant chaque autel. J’ai vu une vieille mère, à la tête de sa famille, réciter les oraisons auxquelles tous les autres répondaient. Souvent debout, le chapelet ou le livre à la main, ils demeuraient immobiles, dans une attitude singulière de recueillement et de respect. J’ai remarqué un jeune paysan à genoux, le corps en avant et pour ainsi dire élancé comme dans une extase qui commençait à le détacher de la terre. Combien il est faux de dire que cette race germanique ne soit point faite pour le catholicisme  ! L’aspect de la petite ville d’Einsiedeln est très semblable à Notre-Dame de Lorette. Un nombre infini d’auberges, de boutiques de chapelets, tout semble. n’exister que pour les pèlerins. En face de