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velles de ma santé, de ma femme, de ma petite fille, avec un accent d’amitié et de familiarité charmante, et moi, le voyant si bienveillant pour tous les miens, je lui ai parlé de mes frères, de celui qui est prêtre, et je lui ai demandé pour tous deux sa paternelle bénédiction. Vous voyez bien, mes chers amis, que vous êtes toujours avec moi dans les meilleurs moments et que je ne puis vous oublier, surtout quand j’ai quelque bonheur. J’aurais bien désiré vous avoir dans une circonstance qui a terminé dignement mon séjour à Rome. Charles surtout, avec son caractère chaleureux et enthousiaste, aurait été bien heureux d’assister a une scène qui réalise tout ce que l’imagination la plus exigeante pourrait rêver et qui malheureusement n’a pas de chance de se reproduire à Paris ; il faut au moins vous conter ceci en détail.

Mercredi 21, Rome célébrait l’an 2600 de sa fondation. L’autorité, qui se sent assez aimée pour avoir peu à craindre, avait permis un grand banquet national. Les tables, dressées au-dessus des thermes de Titus, avaient réuni huit cents convives, sans compter près de deux mille personnes invitées a prendre place dans l’enceinte ornée de drapeaux, de devises et de fleurs. Le dîner n’était qu’un prétexte, car les quatre plats qu’on y servit n’auraient pas effrayé la sobriété des Curius et des Caton.Mais on s’y nourrit de discours, on s’y enivra de harangues et de citants patriotiques. On y entendit succes--