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tableau, sans une statue de quelque prix. Heureusement j’ai pu communier au tombeau de saint Benoît et j’ai retrouvé toutes les traditions bénédictines dans l’admirable bibliothèque de l’abbaye et chez les savants religieux qui m’en ont fait les honneurs. Ils m’ont fait voir ton nom, mon cher Alphonse, sur le registre où s’inscrivent les étrangers ; et il m’a été bien doux de te revoir au moins de cette manière. Ils m’ont aussi montré des manuscrits très précieux dont j’ai tiré quelques copies : ce ne sera pas la partie la moins intéressante de mon butin littéraire. Mais ces bons moines, qui savent tant de choses, ne savent pas se chauffer. Ils m’ont laissé mourir de froid dans leurs belles archives, et je suis reparti avec un malaise qui a fini à Rome par un accès de fièvre. Par bonheur la fièvre n’a duré qu’un jour et m’a laissé en assez bon état pour aller, le lundi soir, à l’audience que le Souverain Pontife voulait bien m’accorder.

J’avais à le remercier de l’appui qu’il avait daigné donner mes recherches, je voulais lui offrir un exemplaire de mon livre et aussi lui remettre des lettres de la Société de Saint-Vincent de Paul. Il était neuf heures du soir quand on m’a fait entrer, et le Pape paraissait très-fatigué des affaires qu’il venait d’expédier avec son ministre et plusieurs autres fonctionnaires publics. Cependant Sa Sainteté m’a accueilli d’une manière si cordiale que j’en ai été profondément touché, il m’a demandé des nou-