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respect et piété dans le tableau de la Déposition de la Croix, à l’Académie des beaux-arts, où le Christ n’est couvert que d’une draperie convenable : de même à la crucifixion de Saint-Marc. Il ne faut pas croire non plus que le Bienheureux de Fiesole ne fit aucune étude de la réalité. Quand il dut peindre les médaillons dont il orna la grande crucifixion de Saint-Marc, Vasari atteste que les dominicains ne reculèrent devant aucune peine, aucune dépense, pour lui procurer les portraits de ces saints personnages. On a beaucoup dit qu’il aurait cru faire un sacrilège en introduisant des figures profanes et vivantes parmi les images des élus. Vasari atteste que, dans les peintures qu’il fit a Rome pour Nicolas V, il représenta le pape, l’empereur, frère Antonio qui fut archevêque de Florence, et d’autres encore. Un autre point me frappe, c’est le règne de la tradition au milieu de la liberté des esprits. Il y a certains sujets, certains épisodes qui se répètent nécessairement de peintre en peintre. Ainsi Fiesole reproduit, après Orcagna au Campo Santo, le moine qui se glissait parmi les élus et qu’un démon ramène, parmi les damnés. Simon Memmi, au capellone des Espagnols, a un groupe de musiciens et de mondains qui rappelle tout à fait ceux du Triomphe de la Mort d’Orcagna. La naissance de Jacob, au Campo Santo, celle de la Vierge d’André del Sarto a l’Annunziata, celle de la Vierge en-