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tecture grecque eût jamais construit : il jonche le sol de ses colonnes et de ses pilastres abattus ; les pâtres s’abritent dans la cavité des canelures ; et un géant de pierre qui semble avoir servi de càriatide, couvre un espace de trente pieds. Ensuite vient le temple de Léda, et celui de Castor et Pollux, dont trois colonnes et une partie du fronton se maintiennent avec toute la fraîcheur d’un ouvrage d’hier, et avec une perfection de détails que les anciens connurent seuls. Enfin, ceux de Minerve et de Proserpine sur les hauteurs occupées par la citadelle ceux de Vulcain et d’Esculape du côté de la plaine ; et une tour carrée du style le plus élégant bâtie pour immortaliser un cheval vainqueur aux jeux du cirque.

Ainsi toutes les grandes inspirations du génie et en même temps toutes ses folies tous les progrès de l’art depuis l’austère nudité des premiers monuments, jusqu’à la parure quelquefois trop riche des derniers. Et, quand l’admiration s’est épuisée devant ces prodiges, on apprend que le sol qui les porte, que le rocher où fut fondée Agrigente, où s’agitait une population de huit cent mille habitants, est entièrement vidé à l’intérieur par des excavations qui se croisent en tous sens, travail colossal et dont le but est encore ignoré, ville souterraine et ténébreuse, encore plus étonnante que celle qui se déployait si opulente à la face du soleil. Sur ces lieux, dont j’avais grand’peine à me dé-