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ces plaisirs, un peu mondains, se soit borné, pour moi, à un petit nombre de sociétés intimes, les seules qu’il me convînt de fréquenter, néanmoins je ne suis point fâché de le voir se refermer et faire place aux sévères habitudes du carême. Mes devoirs en sont mieux remplis, et mieux remplis mes loisirs. A mes camarades éloignés, je consacrerai un peu de ce temps que je perdrais avec les amis présents. Ce n’est pas une jouissance profane que celle d’écrire, et notre correspondance pourra se ranimer pendant la pieuse quarantaine, sans en enfreindre les prescriptions.

Et d’abord, je m’empresse de satisfaire à un désir que je présume bien vif, en te disant combien j’ai trouvé Marc semblable à lui-même, c’est-à-dire semblable à toi, c’est-à-dire encore chrétien sérieux, ami excellent, artiste par ses goûts, mûri néanmoins par le chagrin, qui ne l’a pas abattu. Sa conversation me plaît beaucoup et je me propose de me procurer souvent ce plaisir et de resserrer nos liens, si du moins les circonstances le permettent car, tu ne dois pas l’ignorer, l’avenir est pour lui rempli d’incertitude, et nous ne savons encore de quel côté le poussera ce souffle de Dieu, qu’on appelle vocation. S’il pouvait se fixer ici, ce serait peut-être une raison de plus pour t’y ramener de temps en temps. Nous y trouverions doublement notre compte. Nous, car j’ai l’habitude bien douce de m’identifier avec mes amis, de m’en faire