Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 10.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la nouvelle mariée a l’air d’être un peu savante, et, qui pis est, de le savoir l’expression de son visage est celle d’une volonté quelque peu virile, mais elle trouvera à qui parler, n’en soyons point en peine. La veille de ces noces si brillantes, nous avions vu mourir le pauvre Alfred Rieussec. Quels contrastes et quelles réflexions sur la vanité des prévisions humaines !

Et toi, mon cher ami, que fais-tu ? Les jours nouveaux qui se lèvent te seront-ils meilleurs ? Tes projets paraissent-ils se réaliser, et la nouvelle connaissance d’Ampère continue-t-elle de t’être utile ? Écris-moi, écris-moi longuement : c’est une consolation qui va m’être plus nécessaire que jamais. Mon frère, que son mal de larynx n’a pas encore quitté, part après-demain pour l’Italie, où la sentence des médecins l’exile pour trois mois. Beaucoup envieraient la faveur d’un pareil bannissement; pour lui il s’attriste de me laisser seul. Mais je ne le serai pas : l’affection de tant de jeunes hommes excellents a formé autour de moi comme une famille nouvelle. L’absence même n’en rompt pas les liens, elle ne fait que rendre plus doux le souvenir des moments passés ensemble. Il en est ainsi pour moi de ces vacances où nous nous sommes vus moins encore que je ne l’aurais désiré ! Puisse un rapprochement nouveau s’opérer sous de meilleurs auspices  !

Adieu, en attendant, mon cher ami, et souviens-