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vraie gloire est la reconnaissance de la postérité. De même que l’homme de bien ne répand pas ses bienfaits pour obtenir de la reconnaissance, et cependant en accepte les tributs avec une douce satisfaction de même le vrai philosophe, le chrétien n’agit pas pour la gloire, et cependant il ne peut s’empêcher d’y être sensible. Or, comme souvent l’ingratitude et l’oubli suivent les plus grands bienfaits, l’homme juste porte plus haut ses espérances sa récompense et sa gloire, il les attend d’un juge incorruptible : il en appelle des hommes ingrats au Dieu rémunérateur.

J’ai reçu de M. de Lamartine une lettre très flatteuse et de l’Avenir un rapport très-honorablesur mon ouvrage[1]. Je te le dis parce que je sais que tu t’intéresses à tout ce qui m’intéresse, et parce que, dans cette petite brochure, j’ai jeté le germe de l’idée qui doit occuper notre vie. J’ai revu Fortoul et H. ils sont tous deux si romantiques que je ne les comprends plus, si romantiques qu’ils en deviennent classiques à l’excès. Tu ris ! Tu as tort. Je te réponds qu’ils sont tellement ensorcelés de Victor Hugo, qu’ils ne jurent que par lui, et soutiennent que le siècle entier doit marcher après lui or, marcher à la remorque d’un homme, je prétends que c’est être classique par excellence. Ils ne connaissent plus ni Lamar-

  1. Réflexions sur les doctrines de Saint-Simon. Ozanam avait alors dix-huit ans. Voyez cette lettre a la page 25.