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ciation de goûts et analogie d’habitudes ; les devoirs de famille et de profession qui divisent et isolent ont pris la place des relations d’études qui nous unissaient. Par conséquent, mes travaux littéraires dénués d’encouragements et de conseils, et cependant trop peu d’affaires au barreau pour me distraire et me détacher des préoccupations qui ont jusqu’ici dominé ma jeunesse avec cela une santé mal affermie ; des sollicitations fatigantes pour obtenir une nomination qu’on me promet certaine et qu’on me fait attendre indéfiniment ; les contrariétés auxquelles la conférence de Saint-Vincent de Paul n’a cessé d’être en butte, et qui toutes retomhent sur moi, comme président. Enfin mes infirmités morales, et le perpétuel mécontentement de ma personne. Tu le vois, mon cher ami, c’est une ancienne et monotone histoire ce sont des chagrins qui, n’ont pas même la banale consolation de pouvoir se plaindre, parce qu’ils l’ont déjà trop fait.

Je serais pourtant injuste de ne pas dire les tempéraments que la divine Providence y a bien voulu apporter ; et pour être bref, je t’en citerai deux d’abord le plaisir d’avoir terminé ma thèse ou plutôt mon ouvrage sur la philosophie de Dante ; ensuite le séjour que je fais depuis quelques jours dans une délicieuse petite maison de campagne que nous avons louée a l’île Barbe pour les vacances. Toutefois je m’y plairais moins si je n’étais persuadé