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à leur terme. L’époque de Pâques, celle aussi du changement de saison, a été une épreuve terrible pour la santé de ma mère ; je l’ai vue pendant quinze jours sous la menace d’une attaque d’apoplexie. Elle est en ce moment dans une situation beaucoup moins alarmante mais nous sommes avertis de tout redouter pour l’automne ; l’avenir, qui est le lieu commun des espérances, est pour nous le point où se réunissent toutes les craintes. Elle répète souvent que le succès de mes démarches pour le professorat prolongerait ses jours, et je ne sais si ce dernier moyen de la rattacher à la. vie me sera donné.

Je vous remercie de tous vos bons services, et particulièrement de l’hospitalité que vous voudrez bien donner à ce pauvre Dante. Il est constant qu’en son vivant, et vers l’an de grâce 1290, il alla passer quelque temps à Paris ; il assistait même aux leçons d’un nommé Sigier le Cousin d’alors dans la rue du Fouarre. Mais il m’est avis que la capitale a changé un peu depuis ce temps-là, que d’ailleurs le poëte est devenu fort vieux et verrait malaisément à s’y conduire ; ajoutez que la Sorbonne d’à présent ressemble peu à celle de Saint Louis, et que Dante courrait risque de se présenter mal ; s’il était seul, à la porte de M. X. qui n’est pas un saint Thomas d’Aquin. Si prolongé qu’il ait été par l’embarras des circonstances, ce travail n’aurait pas manqué