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XLVI
À M. LETAILLANDIER.
Lyon,21 août 1837

Mon cher ami,

Vous avez dû vous étonner de mon silence. Croyez pourtant que des affaires impérieuses et continuelles ont seules pu m’empêcher de vous répondre. Quelque douloureuses que puissent être depuis trois mois mes préoccupations ordinaires, et quelque heureux que soit l’événement dont vous m’avez fait part, ce contraste n’aurait point dû empêcher l’échange de nos pensées, parce que, pour nous chrétiens, les événements les plus contraires de la vie se voient à la même lumière, se rapportent au même principe, qui est Dieu. Devant lui, il n’y a point de douleurs inconsolables, il n’y a point non plus de joies sans mélanges il n’y a point de cœurs souffrants ni d’âmes satisfaites qui ne puissent s’entretenir dans cet admirable langage que la religion nous a fait. Comme vous avez partagé mon deuil au milieu de vos riants