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vrai. Des plus louables principes, il sait déduire les plus funestes résultats, et c’est par là qu’il trouve , prise sur les âmes sérieuses et justes. De l’humilité il fait l’abattement ; de l’abnégation il forme le dégoût de la vie. A la méditation il fait produire la rêverie, et à la rêverie l’ennui, le marasme et l’inaction. Oui, nous sommes des serviteurs inutiles, mais nous sommes des serviteurs, et le salaire n’est donné qu’à la condition du travail que nous ferons dans la vigne du Seigneur en l’endroit qui nous sera assigné. Oui, la vie est méprisable, si nous la considérons dans l’usage que nous en faisons, mais non si nous voyons l’usage que nous en pouvons faire, si nous la considérons comme l’œuvre la plus parfaite du Créateur, comme le vêtement sacré dont le Sauveur a voulu se couvrir : la vie alors est digne de respect et d’amour. Prions l’un pour l’autre, mon bien cher ami, défions-nous de nos ennuis, de nos tristesses, de nos défiances. Allons simplement où la miséricordieuse Providence nous conduit, contents de voir la pierre où nous devons poser le pied, sans vouloir découvrir toute la suite et toutes les sinuosités du chemin. Vous savez s’il me sera dur d’être privé de vous cette année ; franchissons souvent la distance par la pensée, écrivons-nous, conseillons-nous, soutenons-nous. Je crois que vous devez en avoir besoin, puisque vous êtes homme ; mais j’en ai plus besoin encore.