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ger , plus impatiente des aspérités de la route, elle a besoin d’un appui charitable, et tel est celui que je trouve, mon cher ami, dans votre correspondance. Que je voudrais pouvoir m’en montrer digne en vous écrivant, comme vous le demandez, fréquemment et longuement. Mais je suis écrasé sous le fardeau de mes devoirs de cette année, je désespère presque de pouvoir accomplir la tâche que je me suis prescrite le temps s’échappe et me trahit, il ne m’en reste point assez pour satisfaire a la fois aux devoirs de l’étude et aux devoirs de l'amitié.

Si j’avais une volonté énergique, elle parviendrait aisément à marquer les heures et les jours en laissant à chaque occupation sa place naturelle, à faire se succéder les travaux et les jouissances, je trouverais une place pour l’étude et une place pour le plaisir. Mais bien des fois, je vous l’ai dit, mes résolutions les meilleures sont toujours restées inaccomplies, jamais je n’ai pu réaliser cette économie du temps si nécessaire pour un bon emploi de notre vie passagère. Aujourd’hui je trace une règle, demain je vais l’enfreindre. Je travaille par élans, par efforts en réunissant toutes mes forces sur un seul point. Je ne sais point agir avec méthode, avec calme ; mener de iront deux ou plusieurs études ; et c’est surtout là ce qui me désole. Autrefois je me berçais de l’idée consolante que ma vie se pourrait diviser en deux parts, l’une pour