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moyen âge ; j’achevais cette Vie de saint Thomas de Cantorbéry que j’avais tant promise et tant fait attendre. Avant-hier seulement j’ai terminé ce travail, et à l’heure qu’il est mon Saint court la poste se rendant à Paris pour passer par les mains des imprimeurs de la place Sorbonne. Or, mon cher ami, quelque respect que je professe pour vous, j’ai cru devoir en finir avec un personnage aussi grave que saint Thomas avant de m’occuper de vos propositions. Maintenant je vous donne audience et suis tout à vous.

Vous venez donc m’annoncer que vous avez bien voulu accepter pour moi un titre et vous me demandez ma ratification. En même temps vous m’apprenez la fondation d’une société dont le but est de glorifier la religion par les arts, et de régénérer les arts par la religion. Voici bientôt cinq ans qu’une pareille idée s’est emparée de moi et ne m’a point quitté. La puissance d’association est grande, car c’est une puissance d’amour. Au siècle passé une réunion d’hommes jura d’écraser l’infâme, et ils conduisirent le christianisme jusqu’aux portes du tombeau ; jusqu’aux portes seulement, car depuis que Notre-Seigneur est sorti du sépulcre, il n’y peut plus rentrer. En même temps ils avilirent la philosophie, l’éloquence, la poésie et tous les arts car ils leur mirent de la boue dans les mains pour la faire jeter sur le christianisme, et leurs mains ont gardé trace de cette souiilure. Il me paraît qu’à