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tard, et pour achever de la purifier, il lui donna le sacre des rois d’Israël. De ces chefs de guerre il voulut faire des pasteurs de peuples, doux et pacifiques, et qui tempéreraient le règne même de la justice par la charité.

Troisièmement, le culte sauva les arts. Quand le culte chrétien sortit des catacombes et qu’il bâtit des églises, il les modela d’abord sur la forme des basiliques, c’est-à-dire des lieux où siégeaient les magistrats : l’antiquité n’avait rien de plus auguste. Il couvrit ensuite ces édifices de mosaïques, dont les traits ne rappellent plus l’harmonie et la juste proportion, mais souvent la grandeur et la simplicité de l’art grec. On voit les évêques, les moines civilisateurs de France et d’Angleterre, attirer autour d’eux les plus excellents artistes d’Italie pour construire des basiliques à la manière des anciens, pour les animer de peintures et de vitraux. À ces églises déjà toutes vivantes il fallait donner la parole. Il fallait que leur chant s’élevât comme une seule voix, et que le concert des lèvres exprimât le concert des âmes. C’est pourquoi s’ouvrirent les écoles de chant ecclésiastique, qui eurent leur modèle et leur règle dans l’école de Saint-Jean de Latran. Mais la musique, le septième des arts libéraux, selon l’enseignement de l’antiquité, suppose la connaissance de tous les autres. On n’y parvient qu’après avoir suivi jusqu’aux bout les voies poudreuses du trivum et du quadrivium. Surtout, comment séparer le chant de la poésie ? et comment fermer la porte de l’école ecclé-