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nombre et la solidité de la pensée. Dans tout ce que vous aimez, vous retrouvez le caractère du bien ; supprimez ce qui distingue les choses, et vous trouverez le bien lui-même. Nous comparons ces biens, et comment, si ce n’est par une idée du bien parfait et immuable, par la communication duquel tout est bon ? Si, dans tous ces biens particuliers, vous ne voyez que le bien suprême, vous voyez Dieu[1]. »

Ainsi, par le chemin du bon, nous arrivons au même but que par le chemin du beau. Mais le regard du philosophe se défie encore de cette idée du beau et du bon ; il craint de se laisser dominer par le prestige, de se laisser aller à ces entraînements des imaginations charmées et séduites ; sa raison sévère ne veut être convaincue que par elle-même, et il veut arriver à Dieu surtout par l’idée du vrai pur, absolu, mathématique, afin de prouver qu’il ne s’est pas trompé. Dans son traité De libero arbitrio, il recommence la démonstration de l’existence de Dieu, et, pour que sa démonstration soit complète, il pénètre jusqu’aux dernières profondeurs de la nature humaine. Il reprend l’homme et il le considère comme ayant ces trois qualités d’être, de vivre et de comprendre ; il s’attache à l’intelligence, laisse de côté la vie et l’être, et il y trouve les sens externes, le sens intime qui en est le modérateur et le juge, et la raison, « La raison, dit-il, surpasse tout le reste : s’il y a quelque chose au-dessus d’elle, c’est Dieu. »

  1. De Trinitate, l. VIII, c. III.