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même pour arriver à la connaissance de Dieu : au contraire, il dit que la science de l’âme est l’introduction légitime et nécessaire de la science de Dieu. Par là même qu’il entend la psychologie à la manière des anciens, il dépasse Socrate, qui avait dit : Γνῶθι σεαυτόν, Connais-toi toi-même ; saint Augustin va plus loin et dit à Dieu : Noverim me, sed noverim te[1] ! Mais comment connaîtra-t-il Dieu ? Il veut le connaître par lui-même, le connaître plus que les vérités mathématiques. Il se gardera bien de faire une science froide et glacée de la connaissance de Dieu, dont il ne se promet pas seulement la lumière, mais le bonheur ! Comment donc et par quelle voie va-t-il chercher Dieu ? par la voie dans laquelle a passé David lorsqu’il faisait entendre ce sublime cantique : Cœli enarrant gloriam Dei, et Xénophon dans les Entretiens mémorables de Socrate : il va développer la vieille preuve, la preuve éternelle de l’existence de Dieu, et lui aussi dit avec ce langage passionné de l’amour chrétien : « Voici donc le ciel et la terre : ils sont, ils crient qu’ils ont été faits ; car ils varient et ils changent. Or ce qui est sans avoir été créé n’a rien qui n’ait toujours été. Ils crient donc : Nous sommes parce que nous avons été faits, nous n’étions donc pas avant d’être pour nous faire nous-mêmes. Et leur voix est l’évidence. Vous les avez donc faits, Seigneur ; vous êtes beau, et ils sont beaux ; vous êtes bon, et ils sont bons ; vous êtes, et ils sont. »

  1. Soliloq., l. II, c. I.