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seur d’éloquence pour Milan, où résidait la cour, ayant ouï parler du jeune Africain, le fit venir devant lui, et, l’ayant entendu, lui confia la charge nouvelle. Ce Mécène de saint Augustin, ce protecteur, c’était, par un bizarre rapprochement, le païen Symmaque !

Arrivé à Milan, saint Augustin voit saint Ambroise, il l’entend, il l’admire, il va l’écouter à l’église ; d’autres fois il va le contempler travaillant, lisant, compulsant des manuscrits, écrivant dans sa maison, ouverte à tout le monde, traversée sans cesse par les curieux, sans que saint Ambroise levât jamais les yeux, si ce n’est lorsqu’on venait réclamer quelque bon office de sa charité. Augustin contemplait sa méditation et se retirait sans avoir rien dit[1]. En même temps, il avait près de lui sa mère, qui n’avait pas craint de traverser les flots pour venir le rejoindre, comptant toujours sur sa conversion, et rassurée par cette parole d’un évêque qui lui avait dit : « Il est impossible que ce fils de tant de larmes ne vous soit pas rendu. » Il avait aussi autour de lui ses amis, ses auditeurs, qui ne l’avaient pas quitté, qui étaient venus d’Afrique, que rien n’avait pu détacher de ce maître aimé : c’est au milieu d’eux que son âme commençait à chercher un certain calme et le repos d’une vie plus réglée. Ils méditaient ensemble le projet de former une communauté philosophique, comme tant de philosophes l’avaient rêvé, comme Pythagore l’avait essayé : la plus grande difficulté, c’é-

  1. Confessiones, l. VI, c. iii.