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trouver Simplicien lorsqu’il s’y attendait le moins, et lui dit : — Allons à l’église : je veux devenir chrétien. Simplicien, transporté de joie, l’y conduisit. Victorin reçut les cérémonies du catécuménat, et donna son nom peu après pour être baptisé, au grand étonnement de Rome et au grand dépit des païens. Quand vint l’heure de faire la profession de foi, que l’on prononçait à Rome d’un lieu élevé, à la vue de tous les fidèles, les prêtres offrirent à Victorin de le faire en secret, comme on l’accordait à quelques-uns que la honte pouvait troubler : mais il aima mieux la prononcer en public. Lorsqu’il monta pour réciter le symbole, comme il était connu de tout le monde, il s’éleva un murmure universel, chacun disant tout bas pour s’en réjouir avec son voisin : — Victorin ! Victorin ! Un moment après, le désir de l’entendre fit faire silence, il prononça le symbole avec fermeté, et chacun des assistants le mettait dans son cœur par la joie et l’amour[1]. »

C’est ainsi que l’école entre dans l’Église ; mais il s’agit de savoir si l’Église recevra l’école et lui ouvrira ses portes, si des difficultés nouvelles ne vont pas arrêter les lettres dans cet effort qu’elles font pour se réconcilier avec un culte si nouveau pour elles. Il semble d’abord que le christianisme doive se prêter difficilement à cette alliance des lettres avec la foi ; car la foi se présente comme principe supérieur, dominant, qui

  1. Fleury, t. IV, l. 15, p. 14.