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Justin, c’est-à-dire les élèves des plus illustres écoles philosophiques de la Grèce ; plus tard ce sont les rhéteurs Tertullien, Arnobe, Lactance. Jusqu’ici, en entrant dans le christianisme, en général, ils ferment leurs écoles et les quittent, ils abjurent leur métier de rhéteurs dont ils ont honte, et ne peuvent le concilier avec les lettres chrétiennes. Bientôt le christianisme leur demandera un sacrifice de plus : de conserver la science et de rester dans leurs écoles, avec tous les périls, toutes les charges et toutes les difficultés nouvelles de la foi.

C’est ainsi qu’au quatrième siècle saint Basile trouvera un maître chrétien dans la personne de Prohérésius ; et que les deux Apollinaire, l’un poëte, l’autre rhéteur, traduiront l’Ancien Testament en vers pour reproduire la forme des poëmes épiques, et le Nouveau Testament en dialogue à la manière de Platon, afin de conserver chez les anciens ces traditions littéraires qui leur étaient si précieuses. C’est ainsi que Julien a peur des maîtres chrétiens et rend cet édit, chef-d’œuvre d’hypocrisie, où il dit : « Comme maintenant nous jouissons, grâces aux dieux, de la liberté, je tiens pour absurde de laisser les gens enseigner des poëtes qu’ils réprouvent. Quoi donc ! Homère, Hésiode, Démosthènes, Hérodote, n’avouent-ils pas les dieux pour auteurs de leur science ? Plusieurs d’entre eux ne s’étaient ils pas consacrés à Mercure et aux Muses ? Si donc ces maîtres les croient dans l’erreur, qu’ils aillent dans les églises des Galiléens interpréter Luc et