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quels on laisse une si grande liberté, qu’ils s’assembleront et délibéreront entre eux, mais non pas, il est vrai, de manière à exciter les ombrages de la politique mérovingienne ; car ils se rassemblent pour savoir si l’adjectif doit toujours se rapporter à son substantif et si le verbe a toujours un fréquentatif, si on pourra dire lego, legito comme on dit moneo, monito.

Ainsi constitué, l’enseignement pourra s’étendre, pénétrer jusqu’aux extrémités de l’empire : nous l’avons vu s’établir à Trêves, et sur les bords du Rhin, à Xanten, on trouvera un autel attestant la restauration d’une école, à cette extrémité du Nord, par Marc-Aurèle et Lucius Verus. À Autun, à Clermont, à Bordeaux, à Poitiers, à Auch, à Toulouse, à Narbonne, partout fleuriront ces écoles innombrables dont Ausone a porté aux nues les professeurs, les grammairiens grecs et latins, Homère a même trouvé dans une de ces villes un critique, un nouvel Aristarque, qui éclaircira les passages obscurs et contestés de ses œuvres.

L’île de Bretagne offre le même spectacle ; là de bonne heure Agricola, l’un des conquérants, s’était appliqué à faire vivre l’éloquence avec les mœurs romaines, persuadé qu’en jetant la toge sur leurs épaules il finirait par amollir le courage de ces fiers Bretons et désarmer leurs bras.

Quand la Bretagne cesse de faire partie de l’empire, la culture romaine y demeure à ce point, que les traditions de l’Énéide se confondent avec les traditions fabuleuses du pays de Galles ; les mêmes chants qui célè-