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chœur sacré des dieux applaudir à mes paroles. Je chantais les géants vaincus, Encelade et Typhée, et avec quelle joie le ciel recevait Jupiter tout rayonnant de ses triomphes. Mais une vaine image ne m’a pas trompé, et la porte d’ivoire ne m’a pas envoyé un songe imposteur. Le voilà bien le prince, le maître du monde, aussi haut que l’Olympe ; la voici bien telle que je l’ai contemplée, cette assemblée des dieux. Le sommeil ne pouvait me montrer rien de plus grand, et la cour a égalé le ciel[1]. » Rien ne pouvait être dit de plus poli, mais rien de plus païen ; après un si brillant exorde il continue : il promet d’abord un temple à la Fortune (Fortuna redux), puisque Rome et le consulat ont recouvré leur majesté ; lorsque Apollon abandonne pour un moment sa belle demeure de Delphes, alors le laurier n’est plus qu’un vil arbrisseau, alors les oracles n’ont plus de voix ; mais le retour du dieu rend la parole aux antres et aux forêts ; de même le mont Palatin s’anime à la présence du dieu nouveau, il se rappelle tous les Césars qui l’ont habité pendant tant de siècles. « Certes, aucune demeure ne convint mieux aux maîtres du monde ; aucune autre colline ne porte plus haut la puissance impériale, et ne fait mieux dominer le droit souverain, planant sur le forum et sur les rostres soumis. Comme de

  1. En princeps, en orbis apex aequatus Olympo !
    En quales memini, turba verenda, Deos !
    Fingere nil majus potuit sopor, altaque vati
    Conventum cœlo prœbuit aula parem.

    (Claud., de Sexto Cons. Honorii, præfatio, v. 1-25 )