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Per cineres Pauli, per cani limina Petri,
Ne laceres versus, dux Jacobe, meos.
Sic tua pro clypeo sustentet pectora Thomas,
Et comes ad bellum Bartholomæus eat,
Sic ope sanctorum non barbarus irruat Alpes,
Sic tibi det vires sancta Susanna suas…[1].

Vous voyez que l’emploi du sarcasme contre le christianisme n’est pas nouveau, et qu’il faut, lorsqu’on écrit l’histoire du voltairianisme, remonter bien loin avant Voltaire.

Mais l’aristocratie romaine, qui permettait rarement au poëte ces libertés compromettantes, avait à tirer de lui d’autres services. Elle avait fait de Claudien le poëte lauréat de ses solennités, de ses intérêts, de ses passions politiques ; il portait pour elle la parole, mais son éloquence n’employait plus la prose, dont on aurait pu blâmer les excès ; il parlait la langue des dieux, dont on ne pouvait pas accuser la liberté, à laquelle il fallait permettre de rappeler de temps à autre le langage de Virgile et d’Homère ; il portait la parole dans ces grands événements qui émouvaient tous les esprits : la guerre contre Gildon, contre Alaric, la chute de Rufin ou d’Eutrope. C’était alors que paraissait Claudien, à Rome, à Milan ou à Ravenne, en présence d’Honorius, de Stilicon, et des hauts dignitaires de l’Empire, et alors, au nom de cette grande assemblée sénatoriale qu’il avait laissée derrière lui, au nom de cette vieille aristocratie romaine, il parlait à ces personnages chrétiens, il les

  1. Claud., Epigr. 27.