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miration publique le porte aux plus grands honneurs et obtient des empereurs chrétiens eux-mêmes qu’on lui érige une statue dans le forum de Trajan, à côté des grands poëtes de l’antiquité, et une inscription sur la base de marbre reconnaît en lui l’intelligence de Virgile et la muse d’Homère[1].

Au reste, le sénat seul ne lui a pas obtenu ces bienfaits : un protecteur plus puissant s’est joint au sénat, c’est Stilicon, à la suite duquel le poëte s’est attaché, dont il chante les victoires, les combats, le repos, les plaisirs, dont il chante même les vices et les crimes, et, après avoir accompagné ainsi le tuteur d’Honorius, le vainqueur des Goths, jusqu’à la fin de sa carrière, lorsque Stilicon périt assassiné, son sang rejaillit sur le poëte qui marchait à sa suite. Claudien est alors disgracié, persécuté, et nous le voyons adresser un poëme à Adrien, préfet du prétoire, pour lui demander pitié, le supplier de suspendre ses coups, de le laisser respirer dans l’ombre, et aussi, sans doute, user de la liberté déplorable de la flatterie ; il compare le préfet du prétoire à Achille, et lui rappelle qu’Achille ne s’acharna pas sur les restes d’Hector.

Manibus Hectoreis atrox ignovit Achilles[2].

Disons maintenant un mot de ses œuvres et de son génie. — Son génie est précisément dans ses erreurs :

  1. Εἰν ἑνὶ Βιργιλίοιο νόον ϰαὶ μοῦσαν Ὁμήρου

    Κλαυδιανὸν Ῥώμη ϰαὶ βασιλῆς ἔθεσαν.

    (Orelli, inscr. lat. coll., no 1182).
  2. Claudiani Epistola i, 13.