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très-sacré du prince, sacratissimum ærarium, réclamait une partie de ce bien lorsqu’il imposait des contributions, des indictions, des superindictions, lorsqu’il atteignait la terre elle-même, n’était fondé à se plaindre : le prince ne faisait que reprendre sa chose où il la trouvait. C’est là le principe de la fiscalité romaine, le principe de toutes ces exactions qui firent gémir l’Empire, qui réduisirent les provinces à une souveraine détresse, lorsque les curies responsables de la levée des impôts étaient peu à peu désertées par les décurions ; lorsqu’il fallait les remplacer par des gens de mauvaise vie, par des hommes tarés, par des prêtres concubinaires et des enfants naturels ; lorsqu’il fallait infliger cet honneur comme un châtiment. C’est alors que, mis à la torture, forcés de vendre femmes et enfants pour suffire aux exigences du trésor, les habitants des provinces abandonnent leurs terres, désertent le sol romain et appellent les barbares ; assurés qu’ils trouveront en eux des maîtres moins exigeants, ils aiment mieux leur donner le tiers ou les deux tiers du sol que de rester sous un régime qui leur enlevait la totalité des revenus. C’est ainsi que tous ces désordres du commencement du Bas-Empire, dont on a infligé la responsabilité aux empereurs chrétiens, étaient la suite naturelle de principes posés depuis longtemps : c’est Aurélien le premier qui prend le diadème des Perses et la pompe orientale ; c’est Dioclétien qui établit cette hiérarchie de fonctionnaires qui doit peser d’un poids si écrasant sur tout l’Empire. Ainsi c’est dans le temps de sa force que le gou-