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Quand donc le peuple romain donnait des fêtes, il les donnait à ses dieux et à ses ancêtres ; il s’efforçait de reproduire dans des représentations symboliques les spectacles dont jouissent les immortels. Les courses du cirque représentaient les évolutions des astres, les danses du théâtre figuraient l’entraînement voluptueux qui emporte tous les êtres vivants, les combats de l’amphithéâtre faisaient voir en raccourci les luttes de l’humanité[1]. Les lieux destinés à ces jeux étaient sacrés. On n’y épargnait ni le marbre, ni l’or, ni la sueur des hommes ; et les Romains, ce peuple économe qui faisait ses temples petits, n’ont rien laissé de plus grand que les monuments de leurs plaisirs. Nous verrons qu’ils n’ont rien laissé de plus païen, de plus souillé et de plus sanglant.

Le Cirque était consacré au Soleil : c’est ce que marquait l’obélisque dressé au milieu de l’enceinte. Sur la ligne qui le partageait s’élevaient trois autels en l’honneur des Cabires. Chaque colonne, chaque ornement, la borne même autour de laquelle tournaient les chars, avait ses dieux. Avant l’ouverture des courses, un cortége de prêtres promenait autour du cirque les idoles déposées sur de riches litières. Des sacrifices sans nombre précédaient, interrompaient, suivaient les jeux. Quand la nappe tombée des mains du magistrat avait donné le signal, et que paraissaient enfin ces cochers qui faisaient les délices de Rome, quand la foule

  1. Varron, cité par S. Augustin, de Civil. Dei, lib. IV, cap. 1 ; Tertullien. de Spectaculis, 4 ; S. Cyprien, Epistola ad Donatum, 7 et 8.