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voirs. Pendant que les Grecs se partagent entre Nestorius et Eutychès, Léon intervient avec la force et la modération d’un pouvoir légitime, et, par ses soins, le concile de Chalcédoine sauve la foi en Orient. Lui-même se chargea de sauver la civilisation en Occident quand il apaisait Genséric aux portes de Rome, Attila au passage du Mincio. En même temps commencent à se former ces légions monastiques, où la papauté trouvera les auxiliaires de ses desseins. Les institutions du désert et les vies de ses anachorètes, popularisées par les récits de saint Athanase, de saint Jérôme et de Cassien, poussent dans la solitude les âmes fatiguées des vices et des malheurs publics. Ces villes opulentes et menacées, Rome, Milan, Trèves, ont encore des amphithéâtres pour les plaisirs de la foule. Elles ont aussi des monastères où se forme un peuple meilleur et plus capable de faire face aux périls de l’avenir. Le païen Rutilius s’indigne de trouver dans les îles qui bordent la côte d’Italie ces hommes austères, ces ennemis de la lumière, comme il les nomme, quand bientôt les lumières n’auront plus d’autres gardiens. Déjà s’ouvrent les grandes abbayes de Lérins, de l’île Barbe, de Marmoutiers, un siècle avant que saint Benoît paraisse, non pour introduire en Occident la vie religieuse, mais pour la perpétuer en la tempérant.

Toutefois le peuple chrétien n’avait pas émigré tout entier dans le cloître : il resterait à considérer comment la foi nouvelle prenait lentement possession du monde laïque, corrigeait les lois et les mœurs, formait une