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avec eux l’arrière-ban des populations slaves, envahissent l’Allemagne, la Bourgogne et l’Italie. Ces frères des Huns passaient comme une tempête ; l’herbe foulée par leurs chevaux ne repoussait plus. À la vue de tant de maux, le monde se crut perdu, et pour la seconde fois pensa toucher à la fin des siècles. Le diacre Florus, de Lyon, chanta les terreurs de ses contemporains. « Montagnes et collines, forêts et fleuves, et vous aussi, rochers, et vous, vallées profondes, pleurez la race des Francs… Un puissant empire florissait sous un brillant diadème : il y avait un seul roi, un seul peuple. Les citoyens vivaient en paix et les ennemis dans l’épouvante. Le zèle des évêques rivalisait à donner aux peuples de saintes règles dans des conciles fréquents. Les jeunes gens apprenaient à connaître les livres divins ; les cœurs des enfants s’abreuvaient à la source des lettres… Ô fortuné, s’il eût connu son bonheur, l’empire qui avait pour citadelle Rome et pour fondateur le porte-clef du ciel ! Mais aujourd’hui cette majesté tombée d’une si grande hauteur est foulée sous les pieds de tous… Ah ! qui ne reconnaît cet oracle évangélique et n’en redoute l’accomplissement : Quand le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve un reste de foi sur la terre ? »

Au moment où tout semble perdu, tout va être sauvé. La Providence aime ces surprises, elle y montre la puissance de son gouvernement et la faiblesse des nôtres. D’abord les peuples qui semblaient déchaînés pour