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avantage, fais-le aujourd’hui. Tout l’exige, notre amour commun, les liens qui nous unissent, ton propre caractère. De plus, tu le dois à la famille dont tu fais partie. Sache l’honorer par les vertus de ton sexe autant que par tes services. Quoi que tu fasses, si ta conduite n’est pas entièrement digne d’admiration, on ne pourra croire que tu sois l’amie de Marcia. Du reste, ces soins que je demande, je crois les mériter, et si tu veux en convenir, j’ai mérité aussi de toi quelque reconnaissance. Il est vrai que j’ai déjà reçu avec usure tout ce que j’étais en droit d’attendre, et l’envie, quand elle le voudrait, ne pourrait trouver prise sur toi. Mais à tes services passés, il en est un pourtant qu’il faut ajouter encore : que l’idée de mes malheurs te porte à oser davantage. Obtiens que je sois relégué dans un pays moins horrible, et tous tes devoirs seront accomplis. Je demande beaucoup, mais tes prières pour moi n’auront rien d’odieux et quand elles seraient vaines, ta défaite serait sans danger. Ne t’irrite pas si tant de fois, dans mes vers, j’insiste pour que tu fasses ce que tu fais réellement, et que tu sois semblable à toi-même. Ce son de la trompette anime au combat les plus braves, et la voix du général excite les meilleurs soldats. Ta sagesse est connue. À toutes les époques de ta vie, tu en as donné des preuves. Que ton courage égale donc ta sagesse ! Il ne s’agit pas de t’armer pour moi de la hache des Amazones ni de porter d’une main légère le bouclier échancré. Il s’agit d’implorer un dieu, non pour m’obtenir ses faveurs, mais l’adoucissement de sa colère. Si tu n’as pas de crédit, tes larmes y suppléeront. Par les larmes ou jamais, on fléchit les dieux. Mes malheurs pourvoient amplement à ce que les tiennes ne tarissent pas. Celle dont je suis l’époux n’a que trop de sujets de pleurs. Telle est ma destinée, pour toi sans doute à jamais lamentable. Telles sont les richesses dont ma fortune te fait hommage.

S’il fallait, ce qu’aux dieux ne plaise ! racheter ma vie aux dépens de la tienne, l’épouse d’Admète serait la femme que tu imiterais. Tu deviendrais rivale de Pénélope, si tu cherchais, fidèle à tes serments d’épouse, à tromper par une ruse innocente des adorateurs trop pressants. Si tu devais suivre au tombeau les mânes de ton époux, Laodamie serait ton guide, Tu te rappellerais la fille d’Iphias, si tu voulais te jeter vivante dans les flammes d’un bûcher. Mais tu n’as besoin ni de mourir ni d’entreprendre la tâche de Pénélope : il ne faut que prier l’épouse de César, cette femme dont la vertu et la pudeur donnent à notre siècle un éclat que n’efface pas celui des siècles antiques et qui, unissant les grâces de Vénus à la chasteté de Junon, fut seule trouvée digne de partager la couche d’un dieu. Pourquoi trembler à sa vue ! Pourquoi craindre de l’aborder ? Tes prières