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le fleuve sur une barque rapide, et n'ayez pas honte de revenir ivres dans vos demeures. Que des nacelles couronnées de fleurs portent les festins et les jeunes convives, [6, 780] et que le vin soit bu à longs traits sur la surface des eaux. Le peuple fête cette déesse, parce que le fondateur de son temple fut, dit-on, un plébéien, qui, de la condition la plus humble, s'éleva jusqu'au trône des rois. Cette fête aussi est chère aux esclaves, parce que c'est le fils d'une esclave, c'est Tullius, qui consacra ce temple voisin de nos murs à l'inconstante divinité.

[6, 785] J'entends un convive qui revient plus que désaltéré, d'une maison des faubourgs, jeter ces paroles aux étoiles: "Ta ceinture se cache maintenant, Orion; peut-être se cachera-t-elle demain encore; mais ensuite je la verrai" S'il n'eût pas été ivre, [6, 790] il aurait ajouté que le temps du solstice revenait avec ce jour.

Le jour suivant, les Lares ont reçu un temple aux lieux où d'habiles mains tressent d'innombrables guirlandes. Cette époque est celle aussi où Romulus jeta les fondements d'un temple pour Jupiter Stator, en face du mont Palatin.

[6, 795] Il restait au mois autant de jours qu'il y a de noms pour compter les Parques, quand on te consacra un temple, ô Quirinus, orné de la trabée.

Demain est le jour où reviennent les calendes juliennes; soutenez-moi, muses, jusqu'à la fin de ces chants. Dites-moi, déesses du mont Pierus, pourquoi nous voyons à la tête de vos choeurs [6, 800] ce héros qu'une marâtre, enfin vaincue, ne reçut que malgré elle dans les cieux? Ainsi parlai-je; ainsi me répondit Clio: "Tu vois un monument élevé par l'illustre Philippe; c'est de lui qu'est née la chaste Marcia; Marcia qui doit aussi son nom à Ancus, le prêtre-roi. Sa beauté égale la noblesse de sa naissance; [6, 805] son âme est digne de sa beauté; ainsi tout la distingue, l'âme, la naissance, et la beauté. Ne croyez pas que les éloges donnés à ses charmes soient inconvenants; nous ne craignons pas de louer de leur beauté, même les grandes déesses. Philippe autrefois prit pour épouse la soeur de la mère de César. [6, 810] O femme glorieuse et digne de cette famille sacrée!" Ainsi chanta Clio, ses doctes soeurs applaudirent; Hercule aussi l'approuva d'un signe de tête, et ses doigts firent résonner les cordes de la lyre.