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ici les choses sacrées, et son père, objet non moins sacré. O Vesta, ouvre ton sanctuaire aux dieux d'Ilion. Le temps viendra où la même pensée veillera sur vous et sur le monde: [1, 530] un dieu sera votre pontife. Aux Césars appartiendra le soin de garder la patrie; c'est à cette famille que le ciel confie les rênes de l'empire. Le fils et le petit-fils d'un dieu soutiendra, malgré ses refus, avec une force toute divine, le fardeau de l'héritage paternel. [1, 535] Les honneurs d'un culte éternel me seront décernés, et Augusta Julia ira s'asseoir au milieu des habitants de l'Olympe".

Carmenta était arrivée aux événements de notre âge, et soudain sa voix prophétique s'arrêta. De son vaisseau, l'exilé s'élança sur le sol du Latium. [1, 540] L'Italie pour exil! ô malheur digne d'envie! Sans délai, une ville naissante s'élève; et, bientôt nul n'ose se dire plus grand que l'Arcadien, dans les montagnes de l'Ausonie.

C'est alors qu'après avoir parcouru la terre, le héros qui porte une massue conduisit sur ces bords les boeufs enlevés aux pâturages d'Erythée. [1, 545] Tandis qu'il repose sous le toit hospitalier d'Évandre, le troupeau erre sans gardien au milieu des vastes plaines. Le matin, Hercule, à son réveil, compte les taureaux: deux avaient disparu; il cherche en vain quelques traces du larcin et ne peut en découvrir. [1, 550] Cacus avait traîné les animaux à reculons dans son antre, Cacus, la terreur et la honte des forêts de l'Aventin, fléau redouté de ses voisins et des étrangers. Son aspect est horrible; son corps, énorme; sa force, prodigieuse. Vulcain est le père de ce monstre. [1, 555] Sa demeure est une caverne aux profondeurs immenses, retirée et inaccessible même aux bêtes sauvages. Au-dessus de la porte sont suspendus des bras et des têtes; çà et là des ossements humains blanchissent la terre. Déjà, renonçant à l'espoir de retrouver ce qu'il a perdu, le fils de Jupiter s'éloignait, [1, 560] lorsqu'un rauque mugissement l'éclaire: "Je comprends cette voix, s'écrie-t-il, et guidé par le son à travers la forêt, il arrive, avide de vengeance, à l'antre impie. Cacus en avait fermé l'entrée par un fragment de montagne qu'auraient à peine remué dix couples de boeufs. [1, 565] Hercule le soulève de ces mêmes épaules sur lesquelles s'était reposé le ciel, et la lourde masse cède à ses efforts. Une fois arrachée, elle roule avec un fracas horrible; l'air en est ébranlé, la terre s'affaisse sous le coup qui l'a frappée. Cacus, furieux, engage la lutte; [1, 570] ses armes sont des rochers et des troncs d'arbres. Efforts impuissants! Trahi par son bras, Cacus a recours à l'art paternel, et sa bouche, à grand bruit, lance des torrents de flamme. À chaque bouffée, on dirait que c'est Typhon qui respire, ou qu'un rapide éclair vient de partir des fournaises