Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/167

Cette page n’a pas encore été corrigée

ondes. Pour moi, je n’ai rien de commun avec la mer, et je n’aime que la terre que j’habite. Toi, soldat, applaudis à Mars, ton dieu ; moi je hais les armes, je n’aime que la paix et l’Amour, faible enfant que protège la paix. Que Phébus soit propice aux augures ; que Phébé le soit aux chasseurs ; et toi, Minerve, reçois l’hommage de tous les enfants des arts. Debout, laboureurs ! Saluez Cérès et le tendre Bacchus. Lutteurs, rendez-vous Pollux favorable ; que Castor écoute les vœux du cavalier. Nous, c’est à toi, belle Vénus, à toi et aux Amours armés de flèches, que nous applaudissons. Seconde mes efforts, tendre déesse, donne à mon amante une âme nouvelle et qu’elle se laisse aimer. Vénus m’a exaucé et m’a fait un signe favorable. Ce que la déesse m’a promis, promets-le, je t’en conjure, promets-le aussi. Que Vénus me pardonne ; mais dans mon cœur tu l’emporteras sur elle : oui, je le jure, et j’en prends à témoin les dieux qui brillent dans ce cortège, tu seras à jamais ma maîtresse adorée. Mais tes jambes sont sans appui ; tu peux, si tu le veux, placer sur ces barreaux la pointe de tes pieds. Déjà la carrière est libre et les grands jeux vont commencer : le préteur vient de donner le signal, et les quadriges se sont élancés à la fois de la barrière. Je vois à qui tu t’intéresses ; quel que soit celui-là, il est sûr de vaincre. Ses coursiers semblent eux-mêmes deviner ton désir. Hélas ! autour de la borne il décrit un vaste cercle ! malheureux, que fais-tu là ? ton rival l’a rasée de plus près, et va toucher au but. Malheureux, que fais-tu ? tu rends inutiles les vœux d’une belle ; de grâce, serre plus fortement la rêne gauche. Nous nous nous intéressions à un maladroit ; Romains, rappelez-le, et que vos toges, de toutes parts agitées, en donnent le signal. Voici qu’on le rappelle : mais, de peur que le mouvement des toges ne dérange ta chevelure, tu peux chercher un refuge sous les pans de la mienne.

Déjà la lice s’ouvre de nouveau, la barrière est levée, et les rivaux, distingués par les couleurs qu’ils portent, lancent leurs coursiers dans l’arène. Cette fois au moins, sois vainqueur, et vole à travers l’espace libre devant toi. Fais que mes vœux, que les vœux de ma maîtresse soient accomplis. Ils sont remplis, les vœux de ma maîtresse, et les miens ne le sont pas encore. Le vainqueur tient la palme ; il me reste à gagner la mienne. Mais elle a souri, et son œil étincelant a promis quelque chose. C’est assez pour le moment, ailleurs tu m’accorderas le reste.


ÉLÉGIE III.

Croirai-je encore qu’il est des dieux ? Elle a trahi la foi jurée, et sa beauté, sa beauté d’autrefois lui est restée. Aussi longue qu’était sa chevelure avant ses serments aux dieux, aussi longue elle est aujourd’hui après son parjure. Les roses se mêlaient naguère à la