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importance transalpine, il se fit volontiers moquer des petits tambours qui attendaient la garde montante. Schérer, arrivant, on lui montra de loin l’étranger qui le demandait ; il vint au marquis d’un air brusque.

— Qu’est-ce que vous demandez ?

— Monsiou Schérer.

— Qu’est-ce que vous lui voulez ?

— Monsiou Schérer.

— C’est moi.

— Oun ancien militaire.

— C’est connu.

— Je vous dis que z’ai affaire à monsiou Schérer.

— Je vous dis que c’est moi.

— Oun officier !

— Oun animal ! s’écria Schérer en le contrefaisant.

— Animal ! ze souis le marquis de Baffi !

— Baffi ! ça n’est pas vrai ; il est tout jeune, le brigand !

— Savez-vous que je souis son père ?

— Eh bien, votre fils est un polisson.

Toute la physionomie de Schérer s’était en un moment bouleversée.

— Là, là, piano, dit le marquis qui ne put alors le méconnaître, mais qui ne revenait point encore du rang inférieur de l’ancien militaire, parlez avec piou de respect de monsiou mon fils, je viens per tout arranger ; prenez tout de suite ceci.

Les traits de Schérer subirent une révolution nouvelle. Le marquis lui mit sans façon dans la main une bourse de bonne apparence.