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meux logement de la rue de Verneuil, dont le mobilier lui avait produit quelque argent ; mais ces ressources ne pouvaient la mener loin ; en femme de précaution elle se mit à faire quelques ménages dans le voisinage.

Schérer tint royalement sa parole, et l’on devine à peu près les arrangements qui furent pris entre ces deux personnages. L’invalide apportait sa ration de pain et de vin de l’Hôtel, et madame Fressurey, l’aidant de ses petites ressources, ils purent vivre tant bien que mal et nourrir les enfants. Ce n’était pas que Schérer, à l’instigation de Lapointe, ne reprochât parfois doucement à madame Fressurey, de lui avoir ravi la liberté, qui aurait pu lui permettre d’aspirer à la main de Toinette ; en somme, ils vivaient en paix, et Schérer ne manquait jamais, quand il faisait soleil, d’aller prendre les enfants pour se promener avec eux sur le boulevard.

Si l’on tient à savoir des nouvelles du couple disparu, nous dirons que Baffi, tout effrayé du tour de ses affaires à Paris, où il s’était passablement endetté, s’enfuit en Angleterre, laissant à son notaire le soin de s’entendre là-dedans avec son père. Quant à Cécile, on sut plus tard qu’elle jouait les Grandes Coquettes dans une troupe de comédiens, qui parcouraient les départements du midi de la France. Cependant la Providence ne voulut pas que le beau trait de Schérer demeurât sans récompense.

Trois mois après ces événements, un gros homme ventru, joufflu, fourbu, avec des favoris en broussailles, des cheveux amoncelés sur le front, un col par-dessus les oreilles, des breloques du haut en bas, le tout encadré dans un collet d’astrakan, qui figurait derrière sa tête le