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nouvelle présomption contre lui et contre les dames Fressurey, qu’on se proposait de mettre en cause, ne fût-ce qu’à titre de témoins, car on ne voyait d’ailleurs aucune charge directe contre elles. Or, on ne trouva plus au logis que la mère, qui s’arrachait les cheveux depuis deux jours en maugréant contre sa fille qui avait tout à coup disparu.

— Ah ! c’est sans doute, dit l’officier public chargé de la commission, qu’elle a pris la fuite avec M. le comte de Baffi.

— Plût au ciel ! s’écria la mère éplorée, ce n’est pas avec celui-là, c’est avec un mauvais sujet d’artiste du Mont-Parnasse, qui va sans doute la faire entrer dans sa troupe. Ah ! monsieur, abandonner sa mère ! quelle indignité ! avec un misérable mobilier dont la moitié n’est pas payée et deux enfants en sevrage ! Que vais-je donc devenir ?

L’officier s’épargna la suite d’une scène si lamentable. On apprit qu’en effet madame Schérer, sous un faux nom, avait pris la diligence avec un premier amoureux du théâtre du Mont-Parnasse, lequel, par parenthèse, assistait à ce fameux bal qui s’était si malheureusement terminé.

Voilà ce que j’appris par lambeaux sur le subit écroulement de cette prospérité des Fressurey, qui parvenait à son comble, et comment furent déjoués leurs plans par la simple introduction dans l’intrigue d’un malheureux invalide, vieux, éclopé, le dernier homme qu’on eût pu craindre. Je pourrais finir ici ce récit instructif, si le même hasard ne m’avait fourni quelques détails qui le complètent.

Schérer, par bonheur, se remit de ses blessures ; c’est