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vants, le cœur de ces dames vibrait à l’unisson ; mais enfin madame Gidoin rendit bon compte de sa commission, et quelques jours s’étant passés sans encombre, la tranquillité se rétablit. La mère et la fille reconnurent qu’il était impossible à un pareil misérable de les troubler dans leur région supérieure.

Bientôt leur attention fut absorbée par cette fête qui était un coup de leur politique, et dont l’époque était proche. Qui ne sait que la vanité peut tout dans certaines têtes ! le soin de l’orchestre, des rafraîchissements et du luminaire, l’envoi des invitations, le remue-ménage pour la décoration du salon, occupèrent uniquement ces dames durant deux jours. Cécile n’en dormit pas.

Enfin, le fameux jour arriva, et l’on croira qu’Alexandre la veille d’Arbelles, ou Bonaparte au matin d’Austerlitz, furent moins affairés que la mère et la fille ; l’histoire est là pour le dire. Dès le matin, les banquettes, le piano, les quinquets, furent mis en place. Le portier Renault fut requis en cette occasion solennelle, et ce fut lui qu’on chargea le soir d’apporter les plateaux. Cécile voulait qu’on lui louât une livrée. Mais la fierté de Renault se refusa nettement à cette transformation passagère en laquais.

Ces dames dînèrent à la cuisine, sur le coin d’une table, de peur de déranger d’avance les magnifiques dispositions de l’appartement. Au reste, elles n’avaient point d’appétit. Cécile procéda ensuite à l’importante occupation de sa toilette, dès longtemps méditée.

Elle l’achevait à peine que Baffi, fidèle à sa promesse d’arriver le premier, fit entrer son cabriolet dans la cour ; car il avait dès longtemps réformé son carrosse, sous pré-